lundi 2 mai 2011

Bin Laden est mort? Lock down!

Boston, 27 avril 2011: Le Canadien de Montréal est éliminé des séries éliminatoires de la Coupe Stanley par leurs rivaux éternels, les Bruins de Boston. Des cris d'effroi déchirent la nuit de Montréal jusqu'à Dubaï, en passant par Paris. Des statues de la Sainte-Vierge pleurent d'avoir abandonné l'équipe pour la 18e consécutive.

London, 29 avril 2011: Les britanniques célèbrent le mariage de Kate et William, futur héritier du trône d'Angleterre.

Kabul, 30 avril 2011: les Talibans annoncent leur offensive printanière annuelle, qui généralement finit comme un pétard mouillé.

Nuit du 1er au 2 mai 2011. Bin Laden est décédé, tué jusqu'à ce que mort s'ensuive par un commando américan à Abbottabad, Pakistan, coupant les jambes de l'organisation terroriste Al-Qaida. Son corps est rendu à la mer comme il se doit, question d'éliminer les preuves ou de permettre à son corps de se retrouver sur une plage iranienne?

Cette série d'événements anodins a créé une réaction immédiate de l'équipe de sécurité de notre partenaire en Afghanistan, et sans doutes toutes les autres compagnies étrangères opérant en Afghanistan, séquestrant ainsi tous les consultants dans les diverses maisons sécurisées éparpillées dans la ville de Kabul.

C'est évidemment durant cette semaine chargée d'émotion que mon collègue et moi avions une mission prévue sur place. Certains pourraient croire à un acharnement du sort...après tout, les américains ont eu 3516 jours depuis le 11 septembre 2001 pour éliminer ce charmant personnage. Il a évidemment fallu qu'ils attendent les 5 jours où j'étais sur place pour s'en occuper. Coincidence? Ou conspiration du gouvernement américain pour m'embêter?

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Après un congé pascal bien mérité à Zurich en bonne compagnie, où j'ai pu notamment visiter la charmante ville de Lucerne et admirer la vue à partir du sommet du mont Pilatus, j'ai poursuivi mon chemin vers Dubaï pour quelques jours de travail avec 2 collègues qui donnaient de la formation à certaines ressources de notre client. Toutefois, dès le vendredi un des deux collègues et moi-même mettions le cap sur Kabul, capitale bien connue d'un pays dont le nom fait frémir mes fidèles lecteurs, l'Afghanistan.

Comme vous pouvez vous en douter, j'étais quelque peu méfiant à l'idée d'un jour poser mes petits petons en sol afghan. Après presque deux ans de tergiversations, d'hésitations et d'atermoiements, et pas nécessairement dans cet ordre, j'ai fini par céder aux pressions plus ou moins indues de notre partenaire et, pour le bien du projet et de la Patrie (afghane), j'ai fini par accepter d'envoyer un programmeur sur le terrain pour faciliter le travail. Puis, quelques jours plus tard je fus pris de remords et j'ai décidé de l'accompagner.

Kabul est une ville de 2,5 millions d'habitant dont les immeubles de plus de 4 étages se comptent sur les doigts des deux mains. Elle est enclavée dans une cuve formée par les montagnes de l'Hindou-kouch, et s'étale à environ 1800 mètres d'altitude. On sent bien le manque d'oxygène, ce qui crée un inconfort d'ailleurs empiré par la poussière ambiante.


Une partie de Kabul

Mes premières impressions à l'arrivée furent que Kabul, en fait, semblait bien tranquille. Les gens sont sympathiques et vivent dans un monde traditionnel, les conducteurs conduisent mal, les routes ressemblent à Montréal au printemps. Certaines femmes sont simplement voilées, d'autres portent la burka. Toutefois, un petit détail revient constamment titiller notre sens du surréalisme: la présence quasi uniforme de gardes de sécurité, policiers ou militaires à travers la route. Ici et là, on retrouve un véhicule blindé, un nid de mitrailleuse, un checkpoint (le gouvernement afghan a mis en place un "anneau d'acier" constitué de points de contrôle en périphérie de la ville afin de réduire les risques qu'un Taliban ne pénètre la ville chargé d'explosifs), quelque policier égaré, qui avec sa mitraillette, qui avec un lance-roquette antichar (si, si, mais bon on en a vu seulement un ainsi attifé). On finit toutefois par s'habituer à leur présence généralement bénéfique pour la sécurité de la population de la ville et des ressortissants étrangers.


Présence subtile des forces afghanes - on peut y voir l'armée, la police et la police secrète (l'agent est caché)


Jeunes Afghanes

Outre les militaires, on peut également croiser sur la route des piétons n'hésitant pas à traverser la route malgré le flot tumultueux et incessant du trafic, la signalisation étant quasi inexistante, des cyclistes, des autobus Tata à moitié rouillés, des Toyota (90% des voitures sont de cette marque), des cheptels de chèvres ou de moutons, des chars tirés par des chevaux, des mules ou des hommes, des motos...ce qui frappe également est le niveau de vie extrèmement bas. Des pompes sont installées un peu partout dans la ville pour que les gens puissent puiser l'eau potable. D'ailleurs, les terrains les moins chers sont ceux à flanc de colline - la difficulté de monter l'eau nécessaire à la survivance contrebalance efficacement la jolie vue qu'on y a de Kabul...


Les boucs de combat sont légèrement teints pour une raison obscure 


Pompe à eau


Magasins installés dans des containers


Cimetière d'autobus de l'ère de l'occupation soviétique

Les expatriés ici suivent des règles de sécurité très strictes: une liste de restaurants sécuritaires est établie et révisée régulièrement, les voitures ne suivent jamais le même chemin, l'équipe de sécurité connait tous nos déplacements et une force d'extraction rapide est disponible en tout temps, au cas où. Dans les faits, les risques à Kabul sont assez faibles et il faut simplement éviter d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les cibles ne sont pas les étrangers en général mais bien le gouvernement afghan et ses employés, les forces armées et policières locales, l'ONU, les intérêts américains, les bases de l'OTAN, etc.

Il est également permis de se promener en voiture en autant qu'on s'en tienne aux zones sécuritaires et que notre position est connue. Ainsi, le jour même où Bin Laden allait se faire abattre, nous avons pu nous promener en ville et visiter deux anciens palais presque complètement détruits par les Talibans, la tombe du dernier Shah dont la dépouille aurait été ramenée en 2003 et un parc verdoyant où fleurissent les roses.


Palais du roi, légèrement endommagé

D'ailleurs les zones verdoyantes sont rares et éphémères. Les eaux de fonte font surgir du sol moult herbes et fleurs pour une durée limitée, car la poussière finit bien vite par reprendre ses droits.

Nous en avons également profiter pour arrêter près des marchés afin d'acquérir un chapeau afghan et un foulard de moudjahidine, me permettant ainsi de me fondre dans la foule. Presque.


Chapeau et foulard moudjahidine

Malheureusement, le réveil fut choquant: Bin Laden est mort. Encore? Et oui, et cette fois c'est pour de bon! Il ne ressuscitera pas, apparemment. Message immédiat de la sécurité: Lock down!

Un lock down est une mesure préventive.de sécurité  Lorsque le risque d'attaque en ville augmente, l'équipe de sécurité ordonne un lock down. Les expatriés doivent alors rester où ils sont si le lieu est sécurisé - c'est le cas des compounds (où je me trouve), des immeubles administratifs comme le Ministère où on travaille, etc. Si on est sur la route, le chauffeur doit revenir au bercail rapidement. Ainsi, nous sommes en lock down depuis ce matin et ce, au moins jusqu'à demain matin alors que la situation sera réévaluée. La journée a toutefois été fort tranquille et nous avons quand même pu marcher jusqu'à la maison sécurisée voisine, où les consultants locaux nous avaient préparé un repas gastronomique typiquement afghan - kebabs d'agneau, riz aromatisé, yogourt à la menthe et concombre légèrement épicée, dumplings afghans, pain plat, salade de tomates, concombre et oignons, poudding, fruits...Les discussions ont fini par dévier sur le sujet du jour - il semble que la majorité des Afghans de Kabul sont contents de la disparition de Bin Laden. Reste à voir comment la ville réagira dans les prochains jours.


Et on y mange comme des rois!

Bref, tout semble bien aller pour l'instant à Kabul, et nous souhaitons tous que ça continue ainsi!



vendredi 29 avril 2011

Ouagadougou gou gou pousse la nana et moue le café

Après plusieurs semaines à Montréal – mon dernier voyage au Liberia ayant eu lieu de la mi-février à la mi-mars, on m’a demandé de partir pour le Burkina Faso afin de compléter une mission exploratoire avec notre client.

Toutefois, durant le mois précédent mon départ, plusieurs troubles ont secoué ce petit pays francophone d’Afrique. D’abord, des émeutes estudiantines ont eu lieu suite au décès d’un jeune étudiant lors de son emprisonnement. Puis, la gronde s’est emparée de quelques unités militaires parce que la court militaire était trop conciliante avec soldats ayant commis plusieurs méfaits.

La situation s’étant stabilisée plusieurs jours avant mon envolée, il fut décidé de maintenir la mission. Malheureusement, les troubles ont repris durant mon périple : des éléments de la garde présidentielle ont décidé de manifester contre leur Président à cause des arriérés de leur solde. Ils sont donc descendus dans la rue, brisé quelques vitrines et tiré quelques coups dans les airs, ce qui a poussé le Président à déclarer un couvre-feu de 19h à 6h, et le Ministère des Affaires étrangères français de demander à Air France de détourner le vol sur Cotonou, Bénin, où nous sommes arrivés en soirée.

L’hôtel de Cotonou était bien, une grande piscine et un grand BBQ pour nous restaurer aux frais d’Air France. Évidemment, comme la journée n’était pas encore pleine de péripéties, il a fallu que le cuisinier mette le feu au repas sous la gigantesque hotte, ce qui a créé un immense nuage de fumée sous la petite hutte abritant les tables des divers convives, les poussant évidemment hors de la hutte et abandonnant le repas, qui à la fumée, qui aux oiseaux affamés voletant sans problème dans l’air vicié.

Magasin près de l'aéroport de Cotonou

Je suis donc reparti le lendemain matin pour ma destination originale, et j’ai eu l’honneur d’être accueilli par un ancien Ministre des Affaires étrangères et représentant à l’ONU en arrivant à l’aéroport. M. le Ministre (les gens conservent leur titre honorifique après leur mandat) m’a d’ailleurs accompagné à travers la capitale burkinabée. J’ai d’ailleurs pu rencontrer le Ministre des Finances durant ma prestation, ce qui était une très belle expérience.

L’hôtel était bien, quoique vidé de ses ressortissants par la crainte de la recrudescence des troubles. D’ailleurs, il y avait un joli trou de balle dans une des vitres du lobby – apparemment des gens sont entrés dans l’hôtel la veille, durant les émeutes, et ont volé la caisse. Par ailleurs, les burkinabés sont très sympathiques et leur accueil des plus chaleureux. Dommage qu’il y ait eu des troubles durant mon passage.

N'est-ce pas sympathique?

Même si la semaine a été très calme, sans doute grâce à ce couvre-feu qui me forçait à manger la bouffe trop chère de l’hôtel (20 euros pour un déjeuner constitué de viennoiseries, vous pouvez imaginer le reste), Air France a décidé d’annuler certains de ses vols. Heureusement que j’avais décidé (encouragé par une collègue et amie) de faire changer mon vol au jeudi au lieu du vendredi. Mon vol était effectivement annulé sans préavis, ce qui m’aurait forcé de rester jusqu’au mardi suivant sur place, manquant ainsi inévitablement mon vol pour Dubaï.



Vue de ma chambre d'hôtel

Le vol de retour a été pénible, probablement le pire que j’ai subi à ce jour. Au lieu de revenir directement sur Paris, nouvelle escale à Cotonou, puis attente pendant 2h30 sur le tarmac, dans l’avion, pour éviter que celui-ci n’arrive trop tôt à CDG et que Air France ne paie des pénalités. 2h30 dans un avion, c’est déjà pénible, mais quand il fait 35 dehors et que le système d’air conditionné ne fonctionne pas, c’est l’enfer. Un four avec à peine de convection.

Y en aura pas de faciles, mais ça reste toujours agréable.

dimanche 7 novembre 2010

Aventures aéroportuaires (suite)

Hier, après quelques heures, l'épais brouillard qui s'était abattu sur Casa endormie s'est finalement levé pour aller humidifier autre chose. L'avion a fini par quitter Marrakech, et on nous a promis un départ pour 12h30.

Évidemment, nous sommes loin d'être dans la même situation puisque plusieurs autres vols ont également été annulés durant la nuit. L'aéroport est rapidement bondé et l'information ne suit pas - les écrans d'affichage promettent toujours l'embarquement pour 23h30.

Durant toute l'attente je reste avec une américaine qui retourne chez elle, au Caire, et dont le motto est maintenant "Follow the French guy"...j'aiguise donc mes talents de traducteur en simultanée plusieurs fois au cours du weekend. Un autre américain, qui travaille à l'ambassade américaine en Égypte, vient nous rejoindre. On passe le temps en mangeant des pains au chocolat sans trop de chocolat.

L'info vient toujours au compte goutte. J'en profite pour squatter la connection des VIP de la Royal Air Maroc - le réseau normal est payant, celui des VIP est gratuit...il est disponible hors du lounge et n'est pas protégé par mot de passe. Je suppose donc qu'il est naturellement public. Je vais sur Expedia et je finis par trouver que je peux avoir un vol pour Dubaï à 22h15. Considérant une durée de vol de 5h et un décalage de 2h, je devrais être correct en autant que le vol décolle avant 14h.

Un écran finit par nous dire que le départ aura lieu à 13h10. Pourtant, à 12h30 il y a toujours un vol pour Paris qui enregistre ses passagers à la porte d'embarquement de notre vol. Le temps passe...12h40, 12h50, 13h.  Je fais des allez-retours du café à l'écran, puisque j'assume que le vol sera encore retardé. 13h10, je retourne voir et je constate que la porte a changé pour celle qui est la plus loin possible dans le terminal. Je récupère donc mes amerloques et on se magne le train pour arriver le plus vite possible à la porte. J'ai un affreux pressentiment - et si je n'avais simplement pas remarqué auparavant que la porte était passée de 31 à 21?

Heureusement non, l'embarquement n'a pas commencé. Max 20 minutes d'attente. Bof, au point où on en est...

13h45, l'embarquement commence enfin dans le chaos le plus complet. Les gens jouent du coude pour embarquer dans l'appareil et s'accaparer des espaces de rangement au-dessus des sièges. 14h30, on décolle. Quand même, ces presque 15h de retard sont un record personnel.

21h15, on atterrit au Caire. Excellent, me dis-je, je vais attraper le vol pour Dubaï...il faut quand même que j'arrête au bureau des transferts pour être en mesure d'obtenir ma carte d'embarquement. L'avion roule de manière interminable, puis on nous débarque dans les autobus. J'arrive au bureau des transferts à 22h. On joue du coude, le gars me fait ma carte pour le vol 15 minutes plus tard. Je cours. Je fais beeper la sécurité qui me laisse passer sans me fouiller - de toute manière il y aura un autre contrôle à la port d'embarquement.

J'arrive flush à 22h15. Pas de problème, l'embarquement ne commencera pas avant 22h45. On décolle à 23h15.

J'atterris à Dubaï à 4h30. Je passe les douanes, c'est interminable - 2 douaniers pour 300 personnes. 1h plus tard je sors pour aller aux carrousels. J'ai une mince lueur d'espoir à cause du retard de mon dernier vol...que nenni, mes espoirs ne sont pas fondés. Je dois donc, encore une fois, remplir les fiches pour le suivi de ma valise manquante à l'appel.

Je quitte l'aéroport à 6h, en taxi - avec tous les problèmes, il n'y a personne de l'hôtel pour me récupérer. J'arrive à l'hôtel à 6h30, le Royal Ascot Hotel. Non, pas de chambre. C'est que je suis en fait au Royal Ascot Hotel Apartment. Où avais-je la tête? On finit par me transférer au bon hôtel, où j'arrive vers 6h45. , soit 26h après mon départ planifié (si j'enlève les 4h de décalage entre Casa et Dubaï).

Théoriquement, je devrais recevoir ma valise aujourd'hui. Inch Allah!

samedi 6 novembre 2010

Aventures aéroportuaires

Les habitués de mon blog savent que pour moi, prendre l'avion n'est généralement pas simple. Certaines, pour ne pas les nommer, pensent même que ce voyage est particulièrement luxueux vu l'absence patente de toute anicroche dans ces havres de contagion.

Je suis évidemment arrivé samedi soir (5 novembre, pour la postérité) avec mes 3 heures d'avance pour passer les 2 policiers qui inspectent le passeport en compagnie d'un scanner, puis l'enregistrement au bureau d'Egyptair, puis les 3 policiers qui inspectent la fiche de sortie du pays, puis la sécurité post-check in, puis les douanes, puis le douanier supplémentaire qui s'assure que le premier douanier a bien étampé le boarding pass et le passeport.

Ensuite, l'attente. Je finis par trouver un accès internet et une plug pour mettre à jour mon blog (comme vous avez pu le constater précédemment). Mon vol est à minuit. Vers 23h, on nous annonce que suite à l'arrivée tardive de l'appareil, le vol est retardé et que davantage d'information sera divulguée à minuit.

Minuit passe. Vers 1h du matin, on nous annonce que le vol est en fait annulé. En raison de l'épais brouillard qui s'abat sur la région, notre appareil s'est posé à Marrakech. On nous regroupe donc et nous emmène en troupeau jusqu'à un hôtel. Simple? Pas vraiment, puisqu'il faut repasser les douanes entretemps.

Nous arrivons donc dans un hôtel pas trop mauvais, mais pas très bon non plus, à 2h30 du matin. Le check-in prend environ 30 min, ce qui est assez efficace puisqu'on est autour de 200. On nous dit qu'à 7h, l'hôtel recevra l'information sur notre vol et organisera les réveils en conséquence. Évidemment, nous avons uniquement nos bagages de cabine.

Je me fais appeler vers 8h30. Départ de l'hôtel à 9h15, arrivée à l'aéroport vers 9h45. Repasse la première sécurité, va au bureau d'enregistrement - personne. Les écrans ne donnent aucune information. On nous aiguille finalement au bureau de Egyptaire, où on nous annonce que l'aéroport est en fait fermé. Notre appareil serait toujours à Marrakech. La question est évidemment pourquoi nous a-t-on ramenés à l'aéroport?

La journée s'annonce longue, et le périple vers Dubaï sera difficile - après tout, j'ai un peu raté ma correspondance au Caire.

vendredi 5 novembre 2010

Mamadou Gaindé au Maroc

Afin de faire le pont entre une mission au Libéria et une autre à Dubaï, j'avais décidé de prendre 2 semaines de vacances au Maroc. Ça tombait bien, une de mes amies se mariait justement à Rabat au même moment...

Casablanca

La première partie de mes vacances marocaines a eu lieu dans la ville mythique de Casablanca. La ville blanche porte bien son nom, avec sa Médina occupée par des milliers de bâtiments tous plus blancs que blancs.
Ma journée de visite de dimanche a été synchronisée avec le Grand Marathon International de Casablanca. Comme je suis arrivé trop tard pour participer à l’épreuve, j’en ai seulement profité pour prendre quelques photos. Par la suite, je suis allé à la célèbre mosquée Hassan II, partiellement construite sur la mer, pour revenir par la Médina. Pour le reste, Casa est davantage une ville économique que touristique et n'offre pas grand chose aux voyageurs égarés.

Mosquée Hassan II, à Casablanca. La seule que les non-musulmans peuvent visiter au Maroc

J’ai passé mon lundi dans un resort donnant sur la mer, en attendant de pouvoir rencontrer mon amie qui se marie en fin de semaine.

Enfin, j’ai quitté Casa à direction de Marrakech, en train. Le paysage est surréaliste – plat et désertique, il ne s’agit pas d’un désert de sable – le Sahara est plus au Sud – mais d’un désert rocailleux d’où s’érige parfois quelques habitations jaillie de Star Wars. Au loin, les montagnes de l’Atlas se dressent devant moi tels autant de géants portant le poids du monde sur leurs épaules.

Marrakech

Si Casablanca est la capitale économique du Maroc, Marrakech en est la capitale touristique. La médina est un dédale où se mêlent mosquées, médersas (écoles coraniques), souks et ateliers. La randonnée y est à vos risques et périls, qui de vous doubler à toute vitesse en moto dans une ruelle d'un mètre de large, qui de vous héler "Balek! Balek!" en fonçant sur vous sur le dos de sa mule.

Les palais sont multiples. On y réside dans de magnifiques Riads, ces maisons donnant sur de sombres ruelles mais qui recèlent un jardin superbe dans une cours intérieure.


Place principale de Marrakech, où les vendeurs de jus d'oranges pressées côtoient les charmeurs de serpents

Partout, on peut admirer des stucs finement ciselés ou des toits de bois vieux de 5 ou 6 siècles. Marrakech est également le point de départ pour de nombreuses excursions vers d'autres villes plus ou moins voisines - j'ai visité Ouarzazate, qui nécessite environ 4h de route tortueuse à flanc de montagne où, évidemment, les habitués filent la pédale au fond et vous dépassent sans trop savoir ce qui s'en vient devant eux.


Mosquée à Marrakech

Rabat

Capitale royale du Maroc, Rabat est en fait en banlieue de Casablance (au même titre que Québec est en banlieue de Montréal). À l'image de Québec, il s'agit essentiellement d'une ville de fonctionnaires qui offre tout de même plusieurs sites intéressants - le palais royal, le Chelah - une ancienne ville romaine collée sur la ville principale, etc.

Estuaire de la ville de Rabat

Évidemment, le clou de ma visite à Rabat fut le mariage, somptueux, de mon amie marocaine. Le mariage était très formel. Tout d'abord, lors de l'arrivée de chaque visiteur, des musiciens y vont de leur musique alors que des crieuses scandent des bénédictions au mariage. Puis, lorsque tous les convives ou presque sont enfin arrivés (3h après l'heure de l'invitation), le marié fait son entrée avec sa famille, puis la mariée entre en scène, assise dans un plateau soutenu par quatre porteurs, dans un caftan magnifique.

Le repas suivit enfin, les plats se succédant les uns après les autres. Les plats sont en fait de grandes assiettes communautaires partagées par toute la table (nous étions 10 par table). Généralement, les plats quittaient avec encore la moitié de la nourriture tellement les quantités étaient généreuses. Nous nous sommes évidemment roulés par terre.

Par la suite, la mariée a changé trois fois de costume, tous plus magnifiques les uns que les autres. La danse était évidemment à l'honneur, avec la musique jouée par un groupe d'une dizaine de musiciens (en plus des autres dont le travail était de souligné l'entrée des convives).

Fès
 
Le coup de coeur de mon voyage, Fès est une ville très ancienne qui a conservé tout son côté traditionnel. Ici, les voitures ne peuvent pénétrer la médina, les rues étant trop étroites. La rue principale ? Moins de 2 mètres de large, et encore, elle est généralement partiellement occupée par les étals des marchands. Même les motos y sont rares. On s'y véhicule à pied. Le transport des marchandises se fait à dos d'âne ou de cheval. Certains offrent aux touristes qui ne voyagent pas léger (comme moi) l'utilisation d'un chariot pour transporter les valises. Pratique pour remonter la côte relativement à pic - la ville est bâtie à flanc de colline.
 
 
Procession d'ânes
 
Encore ici, le paysage est quelque peu surréaliste.  La majorité des maisons de la médina ont plus de 1000 ans. La nouvelle ville de Fès, qui est bien moins intéressante que la vieille, n'a que 700 ans. Une jeunesse! Pourtant, aux toits de ces vieilles maisons sont juchés des antennes satellites à profusion. Le choc de l'antique et de la modernité prend tout son sens à Fès.
 
 
Toits de Fès vu de la terrasse de mon Riad



Fès à vol d'oiseau (et moi)

La maison d'hôtes où j'ai résidé, le Dar Attajalli, était génial. La propriétaire, une allemande tombée par hasard en amour avec la ville, est très sympathique et les chambres sont impeccables. Sa cuisine? Excellente, et différente des sempiternels tajines et couscous que l'on trouve généralement. Si vous pensez aller à Fès, je vous le recommande chaudement. C'est un peu plus cher, mais c'est plus que du bonbon.

dimanche 31 octobre 2010

Monrovia, Liberia

Nous avons continué notre périple au pays de la Liberté, créé un peu avant la Guerre de Sécession par les Nordistes qui, forts de leur position de supériorité morale, décidèrent de renvoyer les Noirs en Afrique, certains par philantropie, d’autres pour se débarrasser de ces anciens esclaves et préserver une Amérique blanche. Plusieurs se prévalurent de ce droit et aboutirent au Libéria, terre inoccupée par les colonies européennes de l’époque. La capitale, Monrovia, fut nommée en l’honneur du Président James Monroe.

Monrovia est une ville très vivante (et un peu bordélique par ailleurs)

Nous pouvons voir les racines américaines du Libéria un peu partout où nous allons. La principale devise utilisée n’est pas le dollar Libérien mais bien le dollar US. La plus grande ambassade est celle des Etats-Unis, quoiqu’ils doivent maintenant en construire une nouvelle parce que les Chinois avaient tenter de les battre à ce jeu.

Domicile des Francs-Maçons libériens. La nuit tombée, on peut voir les gardes faire "ou-hi-ho-ho-hééé-ho"


Le pays est évidemment très pauvre et dans une période de reconstruction intense suite à la guerre civile qui a perdurée pendant près d’une décennie. On peut d’ailleurs toujours voir les traces de cette guerre soit dans le centre-ville, où des impacts de balles foissonnent sur les murs, voire les fenêtres de certains bâtiments. L’image la plus forte est sans doute celle de l’Hôtel Africa, en dehors de la capitale. Cet hôtel de très haut luxe des années 70, bâtis pour une conférence pan-africaine, a été détruit durant la guerre, seule sa structure de béton restant debout. Les abords de la piscine ont été complètement détruits, sans doute pour récupérer les fils de cuivres enfouis. Aujourd’hui, les forces de maintien de la paix de l’ONU se sont installées aux abords de l’hôtel.



Ce camion qui réapprovisionne l'hôtel en eau potable est resté pris une journée la roue dans l'ornière


Mur du building à côté du Ministère des Finances, plus ou moins à l'abandon. On peut encore voir les traces de projectiles.

Restes de l'Hôtel Africa, un des meilleurs hôtels d'Afrique à l'époque

Côté travail, le projet devrait se faire à une vitesse accélérée. En cinq ans, je n’ai jamais vu un client mettre autant de pression pour que les choses aient vites. J’ai eu l’honneur de rencontrer des représentants de la Banque mondiale (8 fois en 2 semaines), qui finance en grande partie le projet, du IFC, la sous-ministre des finances et j’ai failli rencontrer le Ministre des finances lui-même en compagnie du chef de projet loca. Malheureusement, la rencontre a été repoussée d’une semaine, soit durant mes vacances au Maroc.

Le Libéria est très religieux...même Jésus vient les visiter de temps en temps. Il doit y avoir une église pour chaque 5 habitants.
Le départ de Monrovia a été intéressant. L’aéroport de Monrovia est minuscule, mais applique activement les processus de fouilles américaines, jusqu’au retrait des souliers. J’ai encore une fois fait escale à Bruxelles, où j’ai travaillé toute la journée. J’ai quand même failli rater ma connection puisque mon vol pour Francfort a été retardé de 1h30. J’ai toutefois été sauvé par le retard de 30 minutes de mon vol vers Casablanca. À ma grande surprise, même mes valises se sont rendues. Merci, Lufthansa.

mercredi 27 octobre 2010

Mamadou Gaindé au pays du chocolat, de la bière et des moules frites

Bruxelles

Mon vol s’est donc fait ma main bien enroulée dans un bandage fait maison, surtout pour éviter que ma cloque de 2 cm carrés n’éclate lors d’un accroc avec les services de sécurité de l’aéroPET. Cette cloque s’est formée à l’intérieur de mon poignet, là où l’écoulement de l’eau a sans doute été ralenti par la présence néfaste de ma montre.

La journée à Bruxelles en compagnie de mon patron s’est bien déroulé. Après avoir peiné à trouver notre hôtel, nous avons décidé d’aller voir le Manneken Piss qui, dois-je dire sans vouloir offenser mes quelques amis belges, « is soooooo overrated! ». La bestiole doit faire environ 30 à 40 cm de haut, est généralement habillé selon les goûts de la journée, et rassemble une meute de touristes (incluant, malheureusement, votre fidèle serviteur) qui la photographient uniquement parce qu’on leur a dit que c’était un classique.

Non seulement sa vessie lui sort par le fessard, mais en plus il doit percer sa chemise pour pisser


Voilà ce j'appelle du bon marketing! J'imagine que ça pisse de la mayonnaise

Le reste de la journée s’est déroulé tranquillement, comme dirais mon patron, sur les traces de Brel. J’ai eu la surprise de trouver le célèbre restaurant « Le pou qui tousse », qui a déjà fait l’objet d’un blog concurrent. Nous avons aussi arrosé notre dîner de délicieuse bière belge dans un restaurant dont le nom m'est totalement imprononçable, tandis que notre souper a eu lieu dans un excellent restaurant Français. Le chocolat était évidemment à l’honneur au dessert.


Le resto belge qui gagne le plus de renommée grâce aux blogs de voyageurs



 Voici la bière prise au restaurant qui ne peut être nommé (parfait pour les fans de Nyarlathothep)

Ha bin voilà! Ça s'écrit comme ça se prononce.

J’en ai aussi profité pour acheter des nouveaux pansements dans une droguerie où le pharmacien m’a dit, en voyant ma main : « Je sais pas trop qui vous a fait votre bandage parce que bon, vous savez, … », ce que j’ai rapidement coupé en lui disant que je l’avais fait moi-même, d’une seule main, les yeux fermés et en position de combat de coq. Non mais. Personnellement, je trouvais qu’il avait l’air presque semi-professionnel, mon bandage. Enfin, il a fait la job, soit protéger ma peau de toute agression physique non sollicitée. Ma super cloque a toutefois rendu l'âme quelque part à Bruxelles, ce qui me force à m'habiller en noir pendant 40 jours et à porter un voile.

L’une des surprises de Bruxelles fut, dois-je dire, la dichotomie presque universelle entre le Néerlandais et le Français. Généralement, les publicités et même les annonces publiques sont dans une seule des deux langues avec, évidemment, l’Anglais comme langue seconde.
Palais du Roi de Belgique, qui risque bien de voir éclater son pays avant le Canada